Sabatier, Robert 

Senghor, Léopold Sedar  

Serre, Alain

Sicaud, Sabine

Siméon, Jean-Pierre

Soupault, Philippe 

Spire, André

Stevenson, Robert-Louis

Supervielle, Jules  

Sully Prudhomme, René François

Sylvestre, Anne 

 

 

 

 

 

Passage de l'arbre



Un arbre passe, un homme le regarde
Et s'aperçoit que ses cheveux sont verts
Il bouge un bras tout bruissant de feuillages
Une main douce à cueillir les hivers
Lentement glisse à travers la muraille
Et forme un fruit pour caresser la mer.

Quand l'enfant vient, c'est la forêt qui parle
Il ne sait pas qu'un arbre peut parler
Il croit entendre un souvenir de sable
La vielle écorce aussi le reconnaît
Mais elle a peur de ce visage pâle.

Chacun s'éloigne ----- il vole quelques feuilles
Tout l'arbre bouge et jette son adieu
Pour une veine il pleure sept étoiles
Pour une étoile il a donné ses yeux
Il a jeté ses racines aux fleuves.

Les derniers cris déserteront les gorges
Quand les oiseaux ne s'y poseront plus
Quelqu'un déchire un à un les automnes
Le fils de l'arbre écarte ses bras nus
Et dit des mots pour que le vent les morde.

Robert Sabatier

 

 

 

Chant du feu

 

Feu que les hommes regardent dans la nuit, dans la nuit profonde,

Feu qui brûles et ne chauffes pas, qui brilles et ne brûles pas,

Feu qui voles sans corps, sans cœur, qui ne connais case ni foyer,

Feu transparent des palmes, un homme sans peur t’invoque.

Feu des sorciers, ton père est où ? Ta mère est où ? Qui t’a nourri ?

Tu es ton père, tu es ta mère, tu passes et ne laisses traces.

Le bois sec ne t’engendre, tu n’as pas les cendres pour filles, tu meurs et ne meurs pas.

L’âme errante se transforme en toi, et nul ne le sait.

Feu des sorciers, Esprit des eaux inférieures, Esprit des airs supérieurs,

Fulgore qui brilles, luciole qui illumines le marais,

Oiseau sans aile, chose sans corps,

Esprit de la Force du Feu,

Écoute ma voix : un homme sans peur t’invoque.

 

                               Léopold Sedar  Senghor


 

Les camions poubelles

 

Parmi les voitures assoupies,

Les camions-poubelles

Avalent des chaises, des os,

Une boîte de maïs,

Des emballages de petits-suisses,

Des côtelettes de petits veaux.

 

Ils avalent tout,

Mais ils laissent les mauvaises nouvelles

A ceux qui se lèvent trop tôt,

Les camions-poubelles

Frôlant les autos.

 

Alain Serre

La sandwicherie

 

Ah ! la jolie sandwicherie

 dont la salade

marque les pages

d'un roman en pain de mie.

J'y lis:

"La vie est une bille

de mie de pain.

On la mange, et hop ! on a toujours faim!"

Sous son store jaune canari,

Ah, comme elle est simple et jolie

l'histoire de la sandwicherie !

  

Alain Serres

 



I. Le Chemin du cèdre


J’ai rencontré le cèdre
Nous nous sommes tous deux reconnus. Il m’a dit :
« C’est toi, toi que je sais, dont les bras sont enduits
de ma résine blanche et dont les cheveux brillent
de mes fines aiguilles
et dont les poches craquent
de mes pommes de cèdre… »

Je n’ai rien dit.
Mais son odeur à lui,
d’encens, d’ambre et de cèdre,
est bien ce que je sais comme il sait tout le reste.

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958



II. Le Chemin du chêne


J’ai rencontré le chêne,
le vieux chêne aux abeilles,
Il a toujours le cœur ouvert, mais moins d’abeilles,
moins de miel semble-t-il au fond de son cœur noir.
Des essaims l’ont quitté peut-être –
ou j’ai passé trop tard ce soir.
Le chêne secouait sa vieille tête
comme un homme bien seul…

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958



III. Le Chemin de l’ormeau


J’ai rencontré l’ormeau.
Pas un ormeau célèbre,
mais un ormeau sans ex-voto,
tournant le dos à la route des hommes.

Sa colonne de bois, rugueuse, nue, énorme,
quelqu’un l’a-t-il jamais serrée entre ses bras?
Nous l’avions mesurée avec un fil de soie
la colonne de bois qui ne s’arrête pas
de grossir en silence.

Mais grossir – qui jamais voit grossir un ormeau?
Tant de jours et de nuits, tant de soleil et d’eau,
de paix, d’oubli, de chance…tant et tant!
Entre les émondeurs, les chenilles, l’autan,
J’ai rencontré la Patience.

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958



IV. Le Chemin des genévriers


J’ai retrouvé mes petits genévriers,
tordus, piquants roussis, cramponnés aux rochers
comme des acrobates.
Ah! le bleu d’outremer de leurs petites baies
le long des couchants écarlates!

Ils se hérissent, ronds ou si déchiquetés
que tout le ciel traverse
leurs petits corps fantasques.
Le gazon ras joue au tapis de Perse
mais le vent s’y jette en bourrasque.

Ici, les lièvres et les chèvres
Échappent aux hommes d’en bas
Ici bleuissent les genièvres
pour l’oiseau que l’on ne voit pas.

Petit grain bleu, sauvage, amer,
semé parmi les toisons rousses
d’arbres nains que l’hiver rebrousse
comme les oursins dans la mer.

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958



V. Le Chemin du roseau


Puis j’ai rencontré le roseau,
le roseau vert qui dit : « Je plie et ne romps pas ».
Les pieds dans l’eau,
il se courbait si bas
que ses rubans encombraient le ruisseau.
Il avait oublié son âme de pipeau.

Son front vert saluait, saluait sans relâche,
son dos se balançait comme un dos de serpent
et jamais le soleil ne le voyait en face.

Il disait aux pipas :
« je plie et ne romps pas, je plie et ne romps pas… »
enfin, ce qu’il disait au chêne
de Monsieur Jean de La Fontaine.

Et l’âne qui broutait l’a brouté tout de même.

Je n’ai pas rencontré le baobab.

Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958

 

 

La Différence

 

Pour chacun une bouche deux yeux

deux mains deux jambes

 

Rien ne ressemble plus à un homme

qu’un autre homme

 

Alors

entre la bouche qui blesse

et la bouche qui console

 

entre les yeux qui condamnent

et les yeux qui éclairent

 

entre les mains qui donnent

et les mains qui dépouillent

 

entre le pas sans trace

et les pas qui nous guident

 

où est la différence

la mystérieuse différence ?

 

Jean-Pierre Siméon

 

 

 

Le pirate

 

Et lui dort-il sous les voiles

il écoute le vent son complice

il regarde la terre ferme son ennemie sans envie

et la boussole est près de son cœur immobile

Il court sur les mers

à la recherche de l’axe invisible du monde

Il n’y a pas de cris

pas de bruit

des chiffres s’envolent

et la nuit les efface

Ce sont les étoiles sur l’ardoise du ciel

Elles surveillent les rivières qui coulent dans l’ombre

et les amis du silence les poissons

mais ses yeux fixent une autre étoile

perdue dans la foule

tandis que les nuages passent

doucement plus fort que lui

lui

lui

 

Philippe Soupault


 

 

 

C’est demain dimanche

 

 

Il faut apprendre à sourire
même quand le temps est gris
Pourquoi pleurer aujourd'hui
Quand le soleil brille
C'est demain la fête des amis
Des grenouilles et des oiseaux
des champignons des escargots
n'oublions pas les insectes
Les mouches et les coccinelles
Et surtout à l'heure à midi
j'attendrai l'arc-en-ciel
violet indigo bleu vert
jaune orange et rouge
et nous jouerons à la marelle

 

               Philippe Soupault


 

 

 

 

Pour la liberté

 

Laissez chanter

l’eau qui chante

Laissez courir

l’eau qui court

Laissez vivre

l’eau qui vit

l’eau qui bondit

l’eau qui jaillit

Laissez dormir

l’eau qui dort

Laissez mourir

 l’eau qui meurt.

 

               Philippe Soupault


 

 

Grammaire

 

Peut-être et toujours peut-être
adverbes que vous m'ennuyez
avec vos presque et presque pas
quand fleurissent les apostrophes

Et vous points et virgules
qui grouillez dans les viviers
où nagent les subjonctifs
je vous empaquette vous ficelle

Soyez maudits paragraphes
pour que les prophéties s'accomplissent
bâtards honteux des grammairiens
et mauvais joueurs de syntaxe

Sucez vos impératifs
et laissez-nous dormir
une bonne fois
c'est la nuit
et la canicule

Philippe Soupault


 

Donnez-moi

Donnez-moi je vous prie

Vos ciseaux

Vos couteaux

Vos sabots

Vos bateaux

Donnez-moi tout je vous prie

Je rémoule et je scie
 

Donnez-moi je vous prie

Vos cisailles

Vos tenailles

Vos ferrailles

Vos canailles

Donnez-moi tout je vous prie

Je rémoule et je scie
 

Donnez-moi je vous prie

Vos fusils

Vos habits

Vos tapis

Vos ennuis

Je rémoule et je fuis.

                                 Philippe Soupault (1897-1990)

 

C’est vrai

Sept veaux

c'est peu

sept œufs

c'est beaucoup

 

Mille huit cent quatre-vingt-douze

c'est sec

Mille huit cent quatre-vingt-dix-sept

c'est trop

 

Pomme poire et pendulette

c'est émouvant

 

Rien n'égale la satinette

c'est évident

 

N'essayez pas de m'arrêter

c'est décidé

 

la lune l'orage et le poirier

c'est lune.

 

 

Philippe Soupault

 

 

 

Ne...

 

Quand je valais quelque chose,

Digue, digue, digue,

Quand je valais quelque chose.

 

Ne touche pas au feu,

Me disait le grand-oncle;

 

N’ouvrez pas cette armoire,

Me disait la servante;

 

N’approche pas du puits,

Me disait la grand-mère;

 

Ne marche pas si vite ,

Tu te mettras en nage;

 

Ne cause pas en route,

Ne regarde pas en l’air;

 

Ne regarde pas à droite,

Il y a la fleuriste;

 

Ne regarde pas à gauche,

Il y a le libraire;

 

Ne passe pas la rivière,

Ne monte pas la colline,

Ne monte pas dans le bois.

 

Moi j'ai pris mon chapeau

En éclatant de rire,

Mon manteau, mon bâton

En chantant: digue, digue!

 

La rivière, la colline,

Les grands bois, digue, digue !

Digue, digue, les beaux yeux,

Et digue, digue les livres !

 

André Spire

Poème de Loire – éditions Grasset

 

Le pays de l’édredon bleu

 

Quand j'étais malade, en mon lit,

(Sous ma tête deux oreillers)

Mes jouets étant rassemblés,

Me tenant bonne compagnie.

 

Parfois, pour un temps assez long,

J'observais mes soldats de plomb,

À la manœuvre, allant au pas

Parmi les collines des draps.

 

J'envoyais bateaux, cargaisons,

Au gré des flots de couvertures,

Ou bien pour mes cités futures

Mettais en place arbres maisons.

 

J'étais le géant silencieux

Qui de sa pile d'oreillers

Voyait les plaines, les vallées

 

Du pays de l'édredon bleu.

  

Robert-Louis Stevenson

 

Histoires de pirates

 

Trois des nôtres à flot balancés dans le pré,

Trois des nôtres dans l'herbe à bord d'un gros panier.

Soufflent dans le printemps les vents qui sont dans l'air,

Les vagues dans le pré sont vagues de la mer.

 

En étant embarqués, où tenter la conquête,

Guidés par une étoile et bravant la tempête?

En route pour l'Afrique, installés à la barre,

Pour Babylone, ou Rhode Island, ou Malabar?

 

Voici une armada qui nage dans la mer

Bétail sur la prairie tout à fait enragé,

 

Qui charge en mugissant! Vite il faut nous sauver:

Le perron est le port, le potager la terre.

  

Robert-Louis Stevenson

 

 

L'ORAGE

 

 

Chaque arbre est immobile, attentif à tout bruit.

Même le peuplier tremblant retient son souffle

L'air pèse sur le dos des collines, il luit

Comme un métal incandescent et l'heure essouffle.

 

Les moineaux buissonniers se sont tous dispersés

Avec le vol aigu et les cris d'hirondelles,

Et des mouettes vont, traînant leurs larges ailes,

Dans l'air lourd à gravir et lourd à traverser.

 

L'éclair qui brille au loin semble une brusque entaille

Et, tandis que hennit un cheval de labour,

Les nuages vaillants qui vont à la bataille

Escaladent l'azur âpre comme une tour.

 

Mais soudain, l'arc-en-ciel luit comme une victoire

Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux,

Et les nuages noirs qu'un soleil jeune moire,

Enivrés, sont partis pour des combats nouveaux.

 

Jules Supervielle


 

PLANETE

 

 

Le soleil sur Vénus se lève

Sur la planète un petit bruit.

Est-ce une barque qui traverse

Sans rameur un lac endormi,

Est-ce un souvenir de la terre

Venu gauchement jusqu'ici,

Une fleur tournant sur sa tige

Son visage vers la lumière

Parmi ces roseaux sans oiseaux

Piquant l'inhumaine atmosphère ?

 

Jules Supervielle


 

L'OISEAU DU TOUR DU MONDE

 

 

Un bœuf gris de la Chine

Couché dans son étable

Allonge son échine

Et dans le même instant

Un bœuf de l'Uruguay

Se retourne pour voir

Si quelqu'un a bougé.

 

Vole sur l'un et l'autre

A travers jour et nuit

L'oiseau qui fait sans bruit

Le tour de la planète

Et jamais ne la touche

Et jamais ne s'arrête.

 

Jules Supervielle


 

 

 

Mathématiques

 

Quarante enfants dans une salle,

Un tableau noir et son triangle,

Un grand cercle hésitant et sourd

Son centre bat comme un tambour

 

Des lettres sans mots ni patrie

Dans une attente endolorie.

 

Le parapet dur d’un trapèze,

Une voix s’élève et s’apaise

Et le problème furieux

Se tortille et se mord la queue.

 

La mâchoire d’un angle s’ouvre.

Est-ce une chienne ? Est-ce une louve ?

 

Et tous les chiffres de la terre,

Tous ces insectes qui défont

Et qui refont leur fourmilière

Sous les yeux fixes des garçons.

 

               Jules Supervielle

 

 

Les amis inconnus 

Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d'une lame profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit, les étoiles muettes.


Il vous naît un oiseau dans la force de l'âge
En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
Puisqu'il n'a que son cri d'oiseau pour la montrer,
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s'y pose ; on dirait qu'elle est comme les autres.


Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
Il n'est pas de chasseur encore dans la contrée
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L'écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?


Il vous naît un ami et voilà qu'il vous cherche,
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux,
Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
Et loge dans son cœur d'étranges battements
Qui lui viennent des jours qu'il n'aura pas vécus.


Et vous que faites-vous, ô visage troublé,
Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles :
Si je croise jamais un des amis lointains
Au mal que je lui fis, vais-je le reconnaître ?


Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés,
Pour les phrases venant de lèvres inconnues
Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.

 

Jules Supervielle (1884-1960),
Les amis inconnus, 1934 – éditions Gallimard

 

ARBRE

C’était lors de mon premier arbre,
J’avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois.
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je donnais de l’ombre
Et j’avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montant au ciel
Mais j’étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C’était lors de mon premier arbre,
L’homme s’assit sous le feuillage
Si tendre d’être si nouveau.
Etait-ce un chêne ou bien un orme
C’est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu’il plut à l’homme
Qui s’endormit les yeux en joie
Pour y rêver d’un petit bois.
Alors au sortir de son somme
D’un coup je fis une forêt
De grands arbres nés centenaires
Et trois cents cerfs la parcouraient
Avec leurs biches déjà mères.
Ils croyaient depuis très longtemps
L’habiter et la reconnaître
Les six-cors et leurs bramements
Non loin de faons encore à naître.
Ils avaient, à peine jaillis,
Plus qu’il ne fallait d’espérance
Ils étaient lourds de souvenirs
Qui dans les miens prenaient naissance.
D’un coup je fis chênes, sapins,
Beaucoup d’écureuils pour les cimes,
L’enfant qui cherche son chemin
Et le bûcheron qui l’indique,
Je cachai de mon mieux le ciel
Pour ses distances malaisées
Mais je le redonnai pour tel
Dans les oiseaux et la rosée.

Jules Supervielle 

 

 

 

 

 

Le long du quai

Le long des quais les grands vaisseaux,
Que la houle incline en silence,
Ne prennent pas garde aux berceaux
Que la main des femmes balance.

Mais viendra le jour des adieux ;
Car il faut que les femmes pleurent
Et que les hommes curieux
Tentent les horizons qui leurrent.

Et ce jour-là les grands vaisseaux,
Fuyant le port qui diminue,
Sentent leur masse retenue
Par l'âme des lointains berceaux.

 

René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
(Recueil : Stances et poèmes)

 

 

 

Muse-musaraigne

 

Muse-musaraigne

N’aime pas les châtaignes

N’aime pas les glands

Ni la mousse

Ni les pousses

Du sureau tout blanc.

 

Muse-musaraigne

Les mouches la craignent

Et les vers luisants

Mais pas les harengs

Ni les enfants ni les éléphants

 

Anne Sylvestre